« Ils ont des yeux pour ne pas voir… et des oreilles pour ne pas entendre... »
Avant
de construire, il faut démolir ; avant d’exposer une hypothèse nouvelle,
il convient d’effacer celle qui, jusque-là, occupait le terrain puisque, si
l’on prétend la remplacer, c’est que, de quelque manière, elle ne convient pas.
Encore
faut-il, pour échapper à l’accusation d'être des démolisseurs partisans ou qui
s’escrimeraient contre une thèse officielle pour le seul plaisir d’une
contestation systématique des « vérités » établies, expliquer pourquoi l’on conteste, et argumenter sa
position.
C’est
ce que nous avons voulu faire en composant un ouvrage collectif destiné à
démontrer en quoi l’identification d’Alésia avec Alise-Sainte-Reine ne saurait
contenter ni le respect des textes latins et grecs, ni les exigences
historiques et stratégiques, ni le simple bon sens.
Si les
Alisiens consentent à aborder les points discutables : surfaces, périmètres,
effectifs, c’est en recourant toujours à la même argutie : tout est
relatif, et l’on ne doit pas faire fond sur les chiffres que donne César,
forcément contingents ou arrangés pour les besoins de sa cause.
Jamais,
en revanche, ne trouve-t-on effleurées les questions qui dérangent et
constituent contre le dogme Alise des arguments sans appel. On préfère affirmer
en fermant les yeux que les fouilles pratiquées autour d’Alise ont établi
irrévocablement son identité « Alésia ».
Mais
prend-on la peine de se demander si des fossés profonds de 30 cm peuvent
arrêter une charge de cavalerie ? pourquoi César crut bon de faire
fortifier 14 km pour encercler un monticule de 4,5 km de tour ? pourquoi
les assiégés n’attaquèrent jamais que dans la plaine des Laumes, alors que
l’absence de relief et l’éloignement des collines leur auraient permis de le
faire n’importe où ? comment
l’armée de secours put parvenir au fossé de contrevallation sans percer
les lignes romaines, puisque toutes les monnaies qu’elle perdit furent récoltées
dans le fossé intérieur ?
pourquoi les castella (camps en
réduction pour postes de garde) destinés à protéger les légionnaires en train
de construire les tours furent établis derrière
les lignes au lieu de l’être devant ?
Sans
même évoquer le matériel hétéroclite qu’on fit sortir des fossés ou les erreurs
de datation des armes – allant tout de même du Néolithique au Mérovingien et
uniformément affectées à 52 avant J.-C.… – on se demande comment ces invraisemblances
et tant d’autres n’ont jamais alerté l’attention des Alisiens. Sans doute ne
jugeaient-ils pas prudent de réveiller le chat qui dort !
Notre
Alésia, la Supercherie dévoilée, titre choisi par Franck Ferrand, s’attache
donc à mettre en lumière tous les éléments dirimants pour la thèse Alise =
Alésia, sans du tout aborder la thèse Alésia = Chaux-des-Crotenay.
Sans
s’en aviser et avant même d’avoir ouvert le livre, tant les universitaires que
les habitués des Forums réagirent, on peut dire : au quart de tour, tombèrent
dans le piège et commentèrent allègrement et haineusement ce dont il n’était jamais question dans le livre
dont ils étaient censés parler après,
tout de même, l’avoir lu : la thèse Berthier… Attitude, on l’avouera,
d’une puérilité déconcertante, qui témoigne d’une totale incapacité à répondre
aux questions posées. Le dialogue de sourds, faut-il croire, continue !
Mais
quand on veut porter l’estocade à l’ennemi, encore faut-il bien le connaître et
surtout bien connaître le site qu’on s’emploie à dénigrer. Ont-ils jamais vu le
site jurassien, ces fervents d’Alise ? Ont-ils même regardé une carte ou
consulté, faute de mieux, wikipédia ?
Non, certes. Et nous apprenons, par exemple, qu’on trouve la Chaux-des-Crotenay
« près du village de Syam-Cornu » (Y.
Le Bohec, Alésia, 2012, p. 100) alors que le village de Syam occupe la
plaine du même nom ; les quelques maisons de Cornu la lisière de la forêt, en
haut de la colline ; et l’agglomération de Chaux, la partie haute formant
socle, in colle summo comme l’écrit
César.
Chaux
est donc descendue dans la plaine. Mais Syam peut aussi monter sur la colline,
si l’on en croit J.-P. Demoule (On a retrouvé l’histoire de France,
2012, p. 206) pour qui A. Berthier aurait « avancé la candidature
d’un autre lieu, le plateau de Syam sur la commune de Chaux-des-Crotenay, dans
le Jura ». Syam est dans une plaine, non sur un plateau, en bas et pas en
haut… Rien d’étonnant que M. Reddé puisse avancer contre la thèse Berthier cet
argument que, faute de connaître les lieux, tous répètent en chœur : au site
jurassien, il manque un oppidum et
une plaine… Il nous paraît, à nous, qu'Alise aurait, elle, trop de plaine et pas assez d’oppidum !
Que
peut-on lire dans notre Supercherie dévoilée ? des études très diverses
touchant les exigences concrètes du siège aussi bien que ses aspects
historique, militaire, philologique, l’examen des objets trouvés, les
estimations de surfaces, de ravitaillement, de ressources en eau ; et la
détermination, capitale et toujours occultée, pour cause, d’un lieu admissible
pour y affecter le combat de cavalerie qui précéda l’arrivée sur et sous
Alésia. L’ouvrage est un digest d’une
première version qui couvrait, elle, plus de 900 pages, impubliable telle
quelle, mais qui montrait que nous connaissions, nous, et dans le moindre détail, les travaux menés autour d’Alise,
tant jadis que naguère.
*Préface
de Franck Ferrand
*Le fil d’Ariane : l’histoire commence en -52 (Danielle Porte)
*Le pot de terre contre le pot de fer (texte ancien de Georges Colomb)
*Non, rien ne change… Les esprits
indépendants, de 1962 à 2013 (Danielle Porte)
*À Alise, rien ne va plus (Danielle Porte)
*Fouilleurs du sol, fouilleurs du texte (Danielle Porte)
*Un sujet à creuser : le fossé de vingt pieds
(Éric de Vaulx)
*L’Ensemble monumental de la vallée de
l’Ozerain (Éric de Vaulx)
*C’est César qu’on assassine (Danielle Porte)
*La petite maison dans le grand parc (Régis Sébillotte)
*Géométrie de l’espace (Yannick Jaouen)
*Le Treizième travail d’Hercule (Bernard Gay)
*La Cabane au fond du jardin (Bernard Gay)
*Remontons à la source (Bernard Gay)
*Les pieds dans l’eau (Jacques Rodriguez)
*Histoire d’eau et mathématiques agricoles
(Yannick Jaouen)
*Que d’eau, que d’eau ! (René Marchand)
*Que d’os, que d’os ! les Chevaux d’Alésia (Éric de Vaulx)
*Le Divin Kronos : amphores, monnaies,
fibules (Arnaud Lerossignol)
*Les Surprises du chef (Jacques
Rodriguez)
*Jouons à la balle (Yannick Jaouen)
*L’Vmbo de bouclier à ergot central (Yannick
Jaouen)
*Le Combat de cavalerie : la quadrature du
cercle (Régis Sébillotte)
*Pas l’ombre d’un
combat (François Chambon)
Conclusion (Danielle Porte)
Chaque exposé est suivi d’un questionnaire attirant l’attention sur les
points précis soumis aux Alisiens et leur demandant une réponse. Nous verrons
dans quelques moments ce qu’on appelle « répondre », au doux pays
d’Alise.
Et souhaitons, en ce jour de Pentecôte, que l’Esprit descende sur toutes
les têtes rétives.
******
Précédait, l’an dernier, notre Supercherie dévoilée,
mon Vercingétorix, celui qui fit trembler
César, édité chez Ellipses et qui connut, malgré le silence sépulcral de
toutes les revues d’histoire ou d’archéologie, un succès immédiat, preuve que
la question « Alésia » existe toujours et passionne encore. Je me
suis laissé dire, et de plusieurs côtés, qu’il était en vente à
Saint-Germain-en-Laye.
Et rappelons l'ouvrage de Jean-Paul Savignac,
le premier et jusqu’à présent le seul qui ait osé
accorder au site jurassien un espace confortable
et un exposé objectif :
Après le temps du silence et de la réflexion est venu celui de la
contre-attaque. Le silence qui accueillera notre livre – sauf cris d’indignation des
intellectuels mis en cause – sera, bien sûr, dédaigneux. Nous attendons, patiemment et
sereinement, une réponse.
Qui d’entre eux aura le courage de monter au créneau ?
© D.P.
Vous avez écrit "courage"...? Vous n'allez pas avoir beaucoup de réponses !... Merci à vous et à monsieur Ferrand pour votre ténacité et VOTRE courage !
RépondreSupprimer