Des oiseaux qui volent bas…
On l'aura compris : la bataille
autour de la localisation d'Alésia s'apparente à une véritable guerre. Une guerre
de tranchées où ceux qui croyaient avoir écrasé l'adversaire sous les roues de
leurs chars ont dû se résoudre, par manque de munitions, à se mettre à l'abri.
Pour prendre leur revanche, au lieu des lances et des flèches, ils font voler
les noms d'oiseaux.
Yann Le Bohec s’indigne d’avoir lu
sous nos plumes des appréciations qu’il juge malséantes sur les arguments des
Alisiens : « escroquerie », « imposture » par
exemple. Et il ajoute : « restons scientifiques » (Alésia, 52 avant
J.-C., 2012, p. 91). Est-ce l’illustration parfaite du proverbe sur la paille
et la poutre ?
Sans doute le combat va-t-il
recommencer ; et d’abord avec l’article Alésia en Bourgogne, une hérésie que
la Voix du Jura (3625, 15 mai 2014, p. 8) consacre à l’ouvrage collectif qui
vient de sortir et dont nous parlerons incessamment.
Je tiens à souligner que de tels
jugements s’appliquent aux recherches, non aux personnes, la bienséance nous
ayant toujours interdit les qualificatifs injurieux. Pourquoi injurier,
d’ailleurs, des historiens ou des archéologues aux titres reconnus, aux
compétences prouvées, aux noms respectables et respectés ? Qu’ils se
soient trompés sur Alésia n’est pas un grief suffisant pour les envoyer tous à
Charenton.
C’est, en revanche, le sort qui
nous attend, nous, malheureux chercheurs dont le seul crime est d’avoir
critiqué Alise. Contester Alise ? À l’asile, donc ! Le mot est trop
facile, mais irrésistible, d’autant
qu’il n’est pas de moi. Je rends à J.-L. F.-M., il se reconnaîtra, ce qui lui
appartient.
Un florilège d’appréciations
aimables et courtoises nous servira de bouclier contre les accusations à venir.
Notre patience fut longue. Mais il est un moment où la patience devient
faiblesse.
(Expliquer la méthode Berthier, c'est) :
« plutôt la tâche d’un psychologue que celle d’un historien » :
Gilbert-Charles Picard (dans Historama, 5, 1984).
Après la psychologie, la
psychanalyse : « La science a donné sa réponse, la refuser appartient plus à la
psychanalyse qu'à l'histoire et à l'archéologie ». Signé… F.L. (?), un
courageux anonyme (dans l'Archéologue, 67, 2003, p. 43). Tous ces cinglés à
Saint-Égrève [1],
qu’on vous dit !
Un pas de plus avec l'insulte et
le « zouave à la retraite », qui qualifie André Berthier, cité par
Thierry Sécrétan (dans Géo, 291, 2003, p. 28) ; avec les « illuminés
» de Fabien Gruhier (dans le Nouvel Observateur, 2126, 2005, p. 9) ; à
moins que ce ne soient les « archéologues du dimanche », un peu plus
loin.
Les inconscients qui ont adopté la
thèse Berthier, ne sont qu'une « bande de farfelus » ; ou que des « gens
de mauvaise foi » : Philippe Barral (dans Pays comtois,
mars-avril 1998, p. 56). Repris par le « certains farfelus » d'Edith
Rabeisen (dans Historia, 627, 1999, p. 50-51). À moins que ces farfelus ne
soient, en prime, des amateurs : « Cela n’empêche malheureusement pas
quelques amateurs farfelus de continuer à défendre qu’Alésia serait en
fait à Alaise, dans le Doubs, ou encore à Chaux-des-Crotenay, dans le Jura. » Anonyme
(le 13.3.2009 cité par la Recherche, 4.12.2012).
Christian Goudineau : « On
n'éprouve que compassion à l'égard de ceux qui, aujourd'hui encore, chevauchent
des chimères dépenaillées » (dans l'Archéologue, h.s. 1, 1998, p.
14-15), C’est plus gentil… Mais l’historien se serait-il blâmé de son
indulgence ? Nous voilà, sous sa même plume, des « historiens
autoproclamés qui ne se sont jamais donné la peine d'examiner la
documentation » (dans la préface du Rapport de fouilles Reddé / von Schnurbein,
2001). S'il savait combien de temps, de peine et de pages nous a coûtés
l'épluchage mot à mot de ce Rapport ! J’espère que la lecture de notre dernier
collectif lui prouvera que nous la connaissons, la documentation d’Alise, et
sans doute mieux que beaucoup d’Alisiens.
Continuons. Notre recherche,
c’est de « L'archéologie naïve » avec exergue citant « Bouvard
et Pécuchet ». Signé : Michel Reddé (dans l'Archéologie face à l'imaginaire,
2003, p. 109), ou celle que pratiquent les « érudits de village » (Idem, ibidem).
Registre dérision : « Il n'y
a pas de polémique. Il y a ceux qui veulent entretenir la légende
qu'Alésia n'est pas à Alésia. [...] Toute la communauté scientifique nationale
et interna-tionale, les gens sérieux, ne se posent plus de question
depuis très longtemps. L'Alésia de la guerre des Gaules de Jules César est bien
à Alise-Sainte-Reine. Les autres sites, c'est de la rigolade. » L’homme
qui rit, c’est Thierry Périn (dans le Bien Public, v. 10 févr. 2012).
Bien étonné de se retrouver en
compagnie des sujets sulfureux que sont Glozel, Alésia et le Saint-Suaire,
l’infortuné Père Noël se voit inviter, lui aussi, à nous accabler. « Dans mon livre On a retrouvé l’histoire de France, je conclus le
chapitre sur ‘les faussaires du passé’, lequel évoque en particulier Glozel,
Alésia et le Saint-Suaire, sur la démonstration de l’inexistence du Père
Noël. [...] Et pourtant, qui oserait affirmer que le Père Noël
n’existe pas ?... ». C’était Jean-Paul Demoule, Professeur à Paris
I-Sorbonne (sur son blog Mission impossible à Alésia, le 14 avr. 2012).
Attaque frontale et, avec le
recul, presque divertissante, celle d’André Pelletier (sur Whotickets, le 28
nov. 2011). Il y incriminait la « mauvaise foi d’un historien de
pacotille ». L’historien de pacotille était le conférencier de la
veille, à Lyon, Franck Ferrand, qui l’avait invité à raisonner sur le texte
latin et non sur la traduction, à propos du in Sequanos. André Pelletier sortit
de la salle en trombe, sur une exclamation rageuse : « De toute
façon, moi j’écoute RTL et pas Europe 1 ! ». Grand bien lui
fasse ! La recherche alisienne en sort évidemment grandie.
Quoique cette algarade fût proche
de la diffamation, nous étions encore dans le politiquement décent. Mais le ton
monte, monte… jusqu’à des qualificatifs de plus en plus infamants. Ne nous sommes-nous
pas entendu traiter sur France-Inter, en mars 2010, par une dame supporter d'Alise, de ... « terroristes jurassiens » ?
Nous voilà « révisionnistes
» aux yeux de l’ancien ministre François Sauvadet (dans la Voix du Jura, 3446,
9 déc. 2010). Sa caution autorisa le conservateur de musée Claude Grapin et
d’autres à reprendre le mot, en 2012 : « Certains des jugements
portés contre les résultats des recherches menées sur le site d’Alise ne
manqueraient pas d’être soupçonnés de révisionnisme s’ils étaient développés
pour d’autres sujets d’histoire », déclare-t-il (dans Archéologia, 14, 2012, p. 37). Interviewé par
E. Hasle, Vincent Guichard, parlait à notre propos de « pervers » et de « négationisme soft » (dans le
Bien Public, 25 mars 2012).
Histoire admise = histoire
intouchable. C’est condamner là toute la recherche. Au beau pays de France,
terre de liberté…
Mais voici celui qu’on n’attendait
plus : Mao-Tse-Toung en personne. Figurez-vous qu’André Berthier avait osé
l’impensable : négliger tous les arguments pro-Alise accumulés tant bien
que mal depuis le XIXème siècle, pour revenir au texte de
César ! Préférer, sur la guerre des Gaules, César à Napoléon III, un crime
inexpiable à coup sûr... « C’est, à ma connaissance, la première fois
qu’un historien étudie un site précis en faisant table rase des traditions
diverses qui se rapportent à ce site ; une démarche surprenante pour un
Chartiste et qu’on retrouve uniquement chez les sectateurs de Mao, dans la
Chine communiste ». Trouvaille de Jean-Louis Voisin, au débat de
Beaune, Chapelle de l’Oratoire, 14 juin 2012 ; récidive sur Radio-Courtoisie le 14 août
2012.
Il manquait l’insinuation
suprême : société secrète ? philosophie délétère ? religion
interdite ? À pourchasser, de toute façon :
« … ces sectes :
Glozel, l’Alésia jurassienne, l’Atlantide, etc. ... défenseurs des
pires âneries scientifiques ». Maurice Sartre (dans l’Histoire, 375,
2012, p. 90) ; déjà sous la plume de Gilbert-Charles Picard (dans
Historama, 8, 1984, p. 94).
Et qui s’obstine : « En dépit
du bandeau ajouté par l'éditeur[2]
annonçant « fin de la polémique ! », il est douteux qu'un livre clair, bien
informé et appuyé sur les résultats scientifiques les plus récents emporte la
conviction des membres de la secte qui conteste, au mépris des réalités,
la localisation d'Alésia à Alise Sainte Reine, en Bourgogne. » Toujours Maurice
Sartre, anonyme dans la publication, nommé par la Rédaction, (dans l'Histoire,
380, 27 sept. 2012, p. 105). Cette fois, les lettres de protestation
s’abattirent sur le bureau de la Rédaction, et nous fîmes adresser une demande
de rétractation par voie d’avocat. Sans aucun effet.
Est-ce à dire que prendre des
fossés profonds de 10 cm pour des fossés aptes à retenir des palissades, des
fossés de 30 cm pour des fossés militaires, des camps occupant 36 ares pour des
camps de légionnaires romains, ne soient pas, même proférées par des sommités alisiennes, des âneries
scientifiques ? Nous demandons en vain qu’on nous précise quelles
âneries nous avons pu proférer. En revanche, celles des Alisiens constituent
déjà une collection bien fournie que nous aurons le plaisir de découvrir bientôt
dans la section multiple Alise au pays des merveilles, qu’on pourrait
poursuivre indéfiniment.
On ne saurait examiner, il va de
soi pour les défenseurs d'Alise, les arguments de cerveaux fêlés. Ce serait, déjà, reconnaître que le doute
existe, et qu’ils l’ont rencontré. Mieux vaut les expédier à Charenton – ou à Saint-Égrève – et
les laisser essayer de convaincre les autres aliénés qu’ils y retrouveront. La
Communauté Scientifique ne discute jamais.
Elle fut longtemps, jadis, à ne
pas vouloir entendre, et même à condamner, le malheureux illuminé qui
s’obstinait à prétendre que la terre tournait autour du soleil !
Sectateurs de Galilée ? Là,
oui, nous acceptons. Peut-être même avec fierté.
Bravo pour ce livre qui m'a convaincu du bien-fondé de votre démarche et de l'escroquerie que représente l'Alésia d'Alise Ste Reine qui est devenue une affaire de gros sous.
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