la Colline inspirée

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mardi 25 février 2014

A la recherche du Lieu perdu


ALÉSIA : À LA RECHERCHE DU LIEU PERDU... 

« Alésia : quand ? » Réponse unanime : tout le monde connaît la première date de l’Histoire de France : « Alésia : 52 av. J.-C. » 

« Alésia : où ? » Réponse divisée : soit à Alise Sainte-Reine (Côte d’Or), soit à Chaux-des-Crotenay (Jura).

La localisation à Alise est fondée sur la ressemblance des noms, établie par le moine Éric d’Auxerre (en 864) : Alisiia, nom qu'on peut lire sur une inscription locale gallo-romaine, devait être l’Alésia de César. Exploitèrent cette assimilation les fouilles de Napoléon III, largement trafiquées par ses archéologues-courtisans à l’aide de faux de provenance dénoncés dès son époque. Cependant que les recherches modernes ont corroboré les résultats napoléoniens, qui sont un défi au bon sens autant qu’au sens militaire et au sens des textes.

- Le bon sens peut-il se satisfaire de l’entassement de 95 000 hommes, 15 000 chevaux, une ville entière, habitants, animaux, prés, bâtiments etc., sur 97 hectares, durant un mois et demi ? de fossés militaires profonds de 80 cm lorsque ce n'est pas de... 10 cm ? de camps étendus sur 35 ares, le plus petit, ou sur 7,9 hectares, le plus grand, quand un camp romain de deux légions demandait une surface de 45 hectares ? Peut-il admettre que ces camps soient installés en-dehors des retranchements censés les protéger ? que César ait fait construire par ses hommes 9 km de lignes militaires inutiles ? qu’il ait très largement écarté ces lignes de la colline assiégée pour laisser aux Gaulois le libre accès à l’eau des rivières ?

- Le sens militaire peut-il accepter que les Gaulois « escaladent » une pente pour atteindre un camp qu’on situe au pied d’une hauteur ? que les camps gaulois soient installés à l’arrière de la colline, d’où toute vue sur les camps romains - à l'avant - leur est interdite ? que 15 000 cavaliers traversent la plaine sous les yeux des Romains sans même  les alerter ? qu’un combat livré la veille de l’arrivée sous Alésia soit situé à 90 km ? qu’aucun des mouvements stratégiques ne puisse être restitué avec quelque vraisemblance ? que l’on trouve une plaine quand il faudrait une montagne... et tant d'autres hérésies ?

- Le sens des textes peut-il entériner un site qui ne correspond en rien à la description qu’en donnent les auteurs antiques ? qu’il soit chez les Éduens alors que les textes le veulent chez les Séquanes ? qu’aux données précises « une colline très élevée, aux bords abrupts léchés par deux rivières, encadré de collines à un faible espace, prolongé par une plaine étirée entre des collines sur 4,5 km et comportant une vaste montagne au nord » répondent une très modeste hauteur et de faibles pentes, deux ruisseaux coulant à une distance de 300 m et une bordure de collines éloignée de 2,5 km ? une plaine interminable et en largeur, une montagne au nord-ouest ?

Ces impossibilités flagrantes ont amené l’archéologue André Berthier, dans les années 1960, à proposer un autre site, dans le Jura, choisi d’après des critères exclusivement tirés des textes antiques, tant pour le relief que pour la stratégie : Chaux-des-Crotenay pour la ville, Syam pour la plaine, Crans pour les combats au camp Nord.

Non seulement chaque détail y répond aux données des textes, mais les exigences de la logique sont amplement satisfaites et les péripéties des combats se positionnent très exactement dans le cadre géographique. Distances, mesures, effectifs, surfaces, structures, tout est vérifiable et a été vérifié. 

De plus, quantité de structures cultuelles néolithiques font de l’endroit le « foyer et métropole de toute la Celtique » qu'est dite avoir été la véritable Alésia.

Mais l’obstination officielle et le poids de la routine ont interdit, sauf en de rares occasions, une recherche au sol sur un site catalogué d’emblée « archéologiquement nul ». Celle qui fut permise mobilisa une poignée de bénévoles un mois par an, et pas tous les ans ! sans crédits d'aucune sorte, armés de leur seule bonne volonté et de leur solide enthousiasme. Elle permit malgré tout une récolte d’armes, de céramiques, de clous, etc., appartenant à la fin du 1er siècle av. J.-C.

Aujourd’hui, l’apport scientifique de spécialistes dans des techniques d’investigation de pointe (LIDAR, géomorphologie), travaillant au coude à coude avec des interprètes en réalités militaires et des philologues universitaires, permet une vérification virtuelle autant qu’inattaquable des réalités que la seule recherche intellectuelle avait mises en évidence, et dont la réunion permet d'asseoir de plus en plus complètement la localisation d'Alésia… mais contre vents et marées !

Les résultats s’additionnent, une volonté à soulever les montagnes combat pour la seule vérité historique. Les grands médias témoignent leur intérêt pour la thèse du Jura. Elle mérite d’être prise au sérieux par tous ceux qui cherchent Alésia sans la trouver chez eux, ainsi que par ceux qui, n'ayant aucune chance de l'y trouver, envisagent la question d'un oeil impartial. 

À ce prix, la lutte célèbre et fondatrice de notre histoire peut prendre son exacte dimension et ses personnages, Vercingétorix comme César, leur vraie grandeur.

Adsum... Adsumus. "J'y suis"... "Nous y sommes"


Adsum... Adsumus !
"J'y suis"... "Nous y sommes !"

         Nous a-t-on fait taire ? Non.

Nous : les opposants à la théorie d'Alésia située à Alise-Sainte-Reine (Côte d'Or), concrétisée dans l'écrasant béton du Muséoparc.

Nous : qui nous appuyons sur un autre monument : le texte de César.

Nos adversaires affirment, quand même les textes leur donnent tort. En pareil cas, ils n'hésitent pas à modifier ou à tordre les textes.

Nous, nous réfléchissons ; nous déduisons ; nous pesons le pour et le contre. Si le contre l'emporte, nous essayons de réduire la difficulté, sans la biffer d'un trait de plume.

Eux n'hésitent pas à dénigrer, voire à insulter, comme si la diffamation pouvait tuer la vérité.

         Désolée : nous sommes toujours là.

                                                               ******

Longtemps, la bataille fut affaire d'érudits. Les arguments livresques tenaient bon contre les trouvailles de l'archéologie, que seul le texte pouvait dater et qui ne répondaient pas au texte.

La lutte, aujourd'hui, change de visage. Le dogme officiel s'effrite peu à peu, sous les renoncements successifs des archéologues : plus ils cherchent, moins ils trouvent. On devrait dire : plus ils trouvent d'arguments contre leurs belles certitudes. C'est la fuite en avant. On ignore le relief. On élimine les uns après les autres tous les camps dont on était si sûr. On évite d'aborder les sujets qui fâchent : le grand fossé, le combat de cavalerie, l'écart entre les tours, le camp Nord qui n'est pas au nord, l'impossible reconstitution stratégique... Et l'on s'accroche mordicus aux trouvailles archéologiques dont on sait bien, et depuis l'époque de Napoléon III, qu'elles n'ont aucun rapport avec 52 avant J.-C. Surtout : on n'examine jamais les objections des adversaires, a fortiori on n'y répond jamais : que pourrait-on répondre ?
        
Ce qui n'empêche nullement, à l'usage du grand public, les déclarations fracassantes, notamment sur les bandeaux des livres opportunément publiés autour de l'inauguration du Muséoparc : "l'expertise définitive"... "fin de la polémique"... "le débat est clos". Tiens donc ! Depuis un siècle et demi que le débat est clos, le phénix renaît inlassablement de ses cendres.

Et puis, l'argent et la publicité qu'il permet ont pris le relais. Radio, télévision, revues d'histoire et d'archéologie, sites internet, manifestations dans les gares parisiennes, tout a été mis en œuvre, aux abords de février 2012, pour exalter la réalisation bourguignonne qui doit faire taire à elle seule toute contestation. L'information est, aujourd'hui encore, assénée au quotidien ; montée en boucle on dirait..    

         Oui, mais... Et l'Histoire, dans tout cela ?

Elle est aux oubliettes. Les médias proclament à son de trompe les séductions du Muséoparc et les distractions offertes... aux enfants : déguisements, cuisine, activités manuelles etc. Audiophones à l'oreille, les adultes déambulent dans d'immenses espaces glacés et sophistiqués, en écoutant ce qu'on leur dit de la bataille célèbre. À la sortie, ils ont l'impression d'avoir vu et entendu célébrer l'apothéose du vide.

Comme personne n'est sûr que le monumental édifice à la gloire d'Alise ait bien été érigé sur le site d'Alésia, on se replie à présent sur des positions préparées à l'avance, comme dit pudiquement le vocabulaire militaire lorsqu'il ne veut pas employer le mot "déroute" : peu importe que le site soit le bon ou pas, les promoteurs ont voulu édifier un "centre d'interprétation sur la civilisation celtique". De moins en moins apparaît le nom d'Alésia dans les publications officielles, comme si l'affaire était classée depuis que la "preuve" matérielle est venue attester la disparition de tout problème.

         Des dégustations gauloises lors des vacances d’Hiver, des rencontres sur la musique antique le week-end du 30 mars, des ateliers pour apprendre à « dessiner les gaulois » lors des vacances de printemps [1]... On a glissé de l'énigme historique au folklore pour touristes. La Chambre régionale des Comptes avoue sa perplexité [2] : " Les magistrats s’interrogent sur le rôle réel du Muséoparc : vrai musée ou parc d’attraction ? Aujourd’hui, ils n’ont pas encore réussi à trancher." L'essentiel est que cela rapporte : les recettes, lit-on encore, pourraient baisser de 25% d'ici 2016 sans que la situation financière soit affectée, vu l'abondance des subventions.

Léger bémol : 140 000 visiteurs par an à condition que le chiffre ne diminue pas, une fois passé l'effet de curiosité, dépensant chacun 20€ (estimation large, compte tenu du nombre d'enfants) et 50 à 70 millions d'euros avoués pour le coût du bâtiment... Les recettes auront peine à couvrir les seules dépenses de fonctionnement... Surtout avec le musée annoncé, de coût égal...

Puisque, de force ou de gré, la localisation d'Alésia est devenue un tabou national, nous allons en parler, nous, les "Jurassiens" qui, refusant Alise pour les meilleures raisons qui soient, sommes en mesure de mieux situer Alésia.

         ("Jurassiens" est, d'ailleurs, une désignation commode mais inexacte : nos partisans habitent toutes les régions de France et d'ailleurs, jusqu'aux plus lointaines colonies, avec une majorité de Dauphinois, de Bretons et de... Bourguignons. Aucun des plus passionnés ne défend son pré carré ou le clocher de son village.)

Nous le ferons à bâtons rompus ou, comme disait Montaigne, "à sauts et à gambades". Tantôt Alise et tantôt Chaux, tantôt la traduction du texte et tantôt les vues comparées des sites, tantôt la polémologie et tantôt les vieux bouquins, tantôt les schémas et les cartes, tantôt la critique des ouvrages récents et naturellement l'examen des questions pointues ; comme il se trouve entre amis passionnés... voire entre ennemis, puisque nous ne refusons jamais la discussion. J'exposerai d'abord le fond du problème, afin que chacun, initié comme néophyte, y trouve son compte et que la discussion repose sur du solide.

Comme on ne saurait prétendre régler seul toutes les questions que suscite cette formidable énigme, je donnerai souvent la parole à des collaborateurs dévoués qui mettent depuis longtemps leurs spécialisations au service de l'Alésia jurassienne et se feront un plaisir d'aller avec vous, pas à pas, à la recherche de la vérité.
  
  






[1] Communiqué de presse publié sur Dijonscope le v. 1.2.2013 (Jérôme Lorand).
[2] GazetteInfo.fr, mer. 29.1.2014 (Jérémie Demay).