À chacun sa vérité... ?
La plus détestable surprise, quand on a dûment
enregistré un article qu'on a apprécié, est de tomber sur du vide, le si
précieux texte ayant été supprimé par la revue ou le site d'origine.
Il serait bien dommage de voir disparaître l'échange
pour le moins musclé d'un côté, apathique et flou de l'autre, qui a salué la
parution de la Supercherie dévoilée. Comme il fallait s'y attendre, les
Alisiens, qui n'ont pas ouvert le
livre, s'en prennent à la thèse Berthier sans s'être avisés qu'il
n'en était pas du tout question, le premier volume du diptyque prévu étant
exclusivement consacré à l'étude des preuves apportées jadis et naguère pour
conforter la localisation d'Alésia à Alise Sainte-Reine.
Aussi avons-nous transcrit cette esquisse de duel pour
le communiquer à tous ceux qui ne l'ont pas trouvé ou l'ont cherché trop
tard.
******
Franck Ferrand ouvre le feu sur FigaroVox le 19 mai
2014 à 9h.40 :
Site d'Alésia : admettons la vérité
FIGAROVOX -
Le site de la bataille d'Alésia n'est pas en Bourgogne, mais dans le Jura,
plaide cette semaine notre chroniqueur Franck Ferrand
Journaliste,
écrivain et conférencier, Franck Ferrand consacre sa vie à l'Histoire. Il est
l'auteur de nombreux ouvrages dont Le dictionnaire amoureux de Versailles
(Plon, 2013). Ce surdoué anime Au coeur de l'Histoire chaque jour sur Europe 1
et L'Ombre d'un doute chaque mois sur France 3 en première partie de soirée.
____________
« L'ouvrage collectif que je viens de
préfacer, aux éditions Pygmalion, sous la direction de Danielle Porte, est de
ceux qu'on a longtemps attendus, et qu'on déguste ligne à ligne, empli de
gratitude envers les auteurs. Enfin, voici répertoriés tous les travers, tous
les défauts, toutes les tares de l'Alésia officielle, sise en Bourgogne, en
Côte-d'Or, sur la commune d'Alise-Sainte-Reine.
Depuis un siècle et demi - depuis
que Napoléon III, par la grâce d'un décret impérial, a décidé que l'on
situerait la victoire de Rome sur les Gaules en Bourgogne, dans le
pays des anciens Eduens - de nombreux savants, dont certains de grand poids, se
sont manifestés pour dénoncer au mieux une erreur, au pire une supercherie.
Leurs arguments sont de trois ordres:
- d'abord, ils font remarquer que le
site bourguignon du Mont Auxois ne correspond en rien - en rien! - à la
description détaillée qu'en donna Jules César, au Livre VII de sa Guerre des
Gaules ;
- ensuite, ils soulignent les
incohérences et les invraisemblances de ce site, trop petit, trop bas, trop ouvert,
trop mal doté en eaux vives notamment ;
- enfin, ils rappellent que la
conformation des lieux ne permet ni de situer, ni de comprendre les différentes
étapes de l'affrontement censé s'y être livré, en 52 avant JC.
Qu'importe aux pontes de l'archéologie
nationale ; il y a longtemps qu'ils ont fait fi de toutes ces critiques.
Depuis cinquante ans - depuis qu'un
certain André Berthier a découvert, en plein Jura, dans le pays des anciens
Séquanes, un site qui, lui, correspond en détail, trait pour trait, à la
description fournie par César - les critiques à l'encontre du site bourguignon
se sont faites plus pressantes.
Qu'à cela ne tienne: le mépris et la
morgue des prétendus détenteurs du savoir n'ont fait que croître en proportion.
De sorte qu'à force de négliger les
textes et de les modifier, de distordre les réalités du terrain et
d'interpréter abusivement les résultats de fouilles orientées, on en est venu à
présenter comme une vérité établie ce qui, pour un esprit exigeant, apparaît
comme impossible: la mythique Alésia se situerait en Bourgogne. Et que cesse la polémique!
Seulement voilà: hélas pour les ennemis
de la logique, certains chercheurs sont têtus. C'est le cas de la petite équipe
de militaires, d'ingénieurs, d'hydrauliciens, de numismates réunis par Danielle
Porte, l'une des meilleures latinistes de la Sorbonne. Avec ordre et méthode,
minutieusement - mais non sans humour - ces amoureux des faits posent
aujourd'hui plusieurs dizaines de questions dérangeantes aux partisans du
«grand site national» d'Alise-Sainte-Reine ; ils prouvent au passage qu'il
convient désormais d'aller chercher ailleurs les vestiges du siège et les
traces de la bataille.
Tant pis pour le complexe touristique du
MuséParc Alésia, bâti depuis quelques années au mauvais endroit, à grand
renfort de fonds publics! Tant pis pour les innombrables ouvrages écrits sur de
fausses bases, et pour les datations hasardeuses que cette errance aura
suscitées!
L'essentiel, me semble-t-il, est que la
vérité historique puisse enfin se faire jour.
PS: A ceux qui se demanderaient quelle
importance peut avoir la localisation d'un événement vieux de plus de 2000 ans,
je répondrai ceci: Alésia est un des épisodes fondateurs de l'histoire occidentale ;
le resituer au bon endroit permettrait non seulement de mieux comprendre un
événement jusqu'ici bien confus, mais de restituer leur importance à des ruines
protohistoriques - celles de l'Alésia des Mandubiens - parmi les plus riches
d'Europe. Actuellement, ces vestiges cyclopéens, perdus dans le Jura, sont
désignés sur la Carte archéologique comme autant de «tas d'épierrement» et de
«limites de parcelles agricoles» (sic)! »
******
Les historiens partisans d'Alise répondent sur
FigaroVox le 27 mai 2014 à 10h.25 :
Non Franck Ferrand, le site d'Alésia n'est pas une "supercherie"
FIGAROVOX/TRIBUNE - Trois chercheurs
répondent à notre chroniqueur Franck Ferrand qui affirment* que le site
d'Alésia n'est pas en Bourgogne, mais dans le Jura. Querelle d'historiens sur
une bataille historique !
Jean-Louis
Brunaux est directeur de recherche au CNRS, auteur de 27 septembre 52 av. J.-C.
Alésia, Gallimard, 2012
Yann Le Bohec
est professeur émérite à l'université Paris IV-Sorbonne, auteur de Alésia, 52
avant.J.-C. , Tallandier, 2012
Jean-Louis
Voisin est maître de conférences honoraire de Paris XII, auteur de Alésia, un
village, une bataille, un site, Editions de Bourgogne, 2012.
____________
« Télévision,
chronique, radio, préface, Franck Ferrand est partout pour
«dévoiler une supercherie»:
Alésia se situerait non pas en Bourgogne, au Mont Auxois, sur la commune
d'Alise-Sainte-reine, mais dans le Jura à Syam et à Chaux-des-Crotenay. Une
telle énergie mériterait un meilleur usage. Car il se trompe. Totalement. Avec
obstination.
Une simple querelle d'érudits? Non pas.
Selon lui «il s'agit de la plus grande controverse historico-archéologique de
ce début de siècle». Soit. Remarquons déjà qu'en dehors de quelques personnes
groupées autour de Franck Ferrand et de Danielle Porte, cette querelle n'émeut
aucun historien de l'Antiquité en France et hors de France: le Barrington Atlas
du monde grec et romain édité par l'université de Princeton qui fait autorité
en la matière situe Alésia là où elle doit être, au Mont Auxois. Et personne
parmi les archéologues et les spécialistes de l'Antiquité n'a pensé à rectifier
cette localisation. Des «mandarins», rétorqueront Franck Ferrand et consort.
Une histoire «officielle», un «complot» pour étouffer une voix discordante …
Nous n'avons jamais eu cette prétention.
Si nous cosignons cette chronique, ce n'est pas à la suite du «comportement
grégaire» que Franck Ferrand décèle parmi les universitaires, mais plus
simplement parce que nous sommes animés par la recherche de la vérité
historique et par la prise en compte de réalités archéologiques que les
détracteurs du Mont Auxois se refusent d'accepter. Nos démarches ont été
différentes et nous n'avons pas travaillé de concert. Mais nos conclusions sont
identiques: Alésia est au Mont Auxois, et nulle part ailleurs. Pourquoi?
Il y a certes le texte de César. À
propos du passage concernant le site de la bataille d'Alésia, l'un de ses
commentateurs les plus critiques, Michel Rambaud, relève: «Le récit césarien ne
fournit que les données militaires de la manœuvre, et en termes généraux. (…)
De là des querelles où seule l'archéologie peut entraîner la décision». Dont
acte.
Contrairement à ce qu'affirme Franck
Ferrand, Napoléon III n'a pas décidé «par la grâce d'un décret impérial»
qu'Alésia se situerait en Bourgogne. Il y avait une querelle entre deux sites,
Alaise et Alise. Et ce n'est qu'après un examen attentif de chacun d'eux que
les fouilles commencèrent et se firent avec les techniques de l'époque.
Pourquoi, vouloir à tout prix parler de manipulation, d'incompétence, de
falsification plutôt que d'examiner, ce qu'ils ne font jamais, les résultats
des fouilles? Une obsession chez les partisans de Syam: les mêmes reproches
sont formulés à l'égard de l'équipe franco-allemande qui a approfondi et
précisé nos connaissances lors des fouilles de 1991 à 1997!
Pourtant l'ensemble des découvertes est
impressionnant: un murus gallicus ; des camps et lignes de fortifications
romains ; un important stock d'armes (aucun site antique n'en a livré autant),
varié et homogène dans sa datation (le milieu du Ier siècle av. J.-C.) avec des
balles de frondes où se lit le nom de Labienus, le lieutenant de César ; des
ossements de chevaux gaulois, romains et germains, l'image même des différentes
cavaleries engagées ; 731 monnaies gauloises représentant les différents
peuples qui composent l'armée de secours avec deux monnaies qui portent le nom
de Vercingétorix et qui sont les seules trouvées hors du territoire arverne,
144 monnaies romaines antérieures à 53. S'ajoutent à cela une tradition
littéraire unanime du IXe siècle jusqu'en 1855, des inscriptions avec les noms
d'Alisiia, d'Alisienses qui correspondent au nom latin d'Alesia donné par Pline
l'Ancien, puis par l'évêque d'Auxerre Germain.
Rien d'équivalent sur le site de
Chaux-des-Crotenay déterminé par André Berthier grâce à la méthode dite du
portrait-robot. Difficile d'imaginer dans ce site étroit une rencontre
militaire d'au moins trois cent mille hommes, difficile encore de penser que
Vercingétorix qui attend une armée de secours venant de l'ouest ait laissé à
César le loisir de couper ses voies de communication. Quant aux fouilles sur place
(cinq campagnes, neufs sondages plus cinq campagnes de sauvetage), elles ont
rassemblé un matériel qui n'est pas négligeable: plus de 3 000 objets
métalliques, plus de 5 000 tessons de céramique. À la demande et sous le
contrôle de l'Association «ArchéoJuraSites», dépositaire du fonds Berthier, ce
matériel a été analysé en 2011. Résultats? Le métal n'est pas antérieur au IIe
siècle de notre ère et ne comporte aucun mobilier militaire d'époque gauloise
ou romaine, la terre cuite protohistorique (l'époque du siège) ne représente
que 2,6% du total. En un mot, aucune bataille mettant aux prises Gaulois et
Romains ne s'est déroulée dans cette région à la fin de l'été 52 av. J.-C. Mais
tout cela n'intéresse guère Franck Ferrand.»
******
Franck Ferrand riposte sur FigaroVox le 30 mai
2014 à 10h.50 :
Site d'Alésia : la mauvaise foi des
mandarins
FIGAROVOX/HISTOIRE
- Le site de la bataille d'Alésia est bien dans le Jura, persiste Franck
Ferrand. Notre chroniqueur répond aux universitaires Jean-Louis Brunaux, Yann
Le Bohec et Jean-Louis Voisin qui situent Alésia en Côte d'Or.
Journaliste,
écrivain et conférencier, Franck Ferrand consacre sa vie à l'Histoire. Il est
l'auteur de nombreux ouvrages dont Le dictionnaire amoureux de Versailles
(Plon, 2013). Ce surdoué anime Au coeur de l'Histoire chaque jour sur Europe 1
et L'Ombre d'un doute chaque mois sur France 3 en première partie de soirée.
____________
« A l'instar de Ping, Pang et Pong,
les ministres essoufflés et frustrés du Turandot de Puccini, MM.
Brunaux, Le Bohec et Voisin cosignent ce qu'ils pensent être une riposte à ma
chronique pour FigaroVox du 19 courant: en vérité, un amas de généralités qu'on
pourrait croire tirées d'une brochure touristique. Et - la référence à Jules César balayée d'un revers de main - revoici
la vieille commission Coignart de Saulcy, revoilà les vieilles monnaies
sujettes à «tripatouillages» (Colbert de Beaulieu dixit), revoilou le
pot-pourri des balles de fronde et des ossements de chevaux - soupirs…
Ayant égrené pour la énième fois ces
raisons élimées jusqu'à la corde, nos trois mandarins concluent que «tout cela
n'intéresse guère Franck Ferrand». Comme ils ont raison!
Ce qui intéresserait Franck Ferrand,
c'est un vrai débat sur le site officiel d'Alise-Sainte-Reine ; sur ses
incohérences par rapport aux textes anciens ; sur ses incongruités
topographiques ; sur ses impossibilités au regard de la stratégie et, tout
simplement, du bon sens. Un débat sur la difficulté de situer le Mont Auxois en
pays séquane - Ping? Sur la difficulté de justifier la présence de camps romains - irréguliers dans leur forme et
beaucoup trop petits - hors des prétendues lignes de défense césariennes -
Pang? Sur la difficulté de loger plus de cent mille hommes à l'intérieur des 97
hectares du soi-disant oppidum - Pong?
Ce qui intéresserait Franck Ferrand,
c'est une réponse - ou un commencement de réponse - aux questions posées à nos
«Alisiens» par les auteurs de l'ouvrage: «Alésia, la supercherie dévoilée».
Interrogations pertinentes et toujours en suspens sur l'emplacement, la
structure, les dimensions du grand fossé d'arrêt ; sur l'espacement - fort
aléatoire en Bourgogne - des tours décrites par César ; sur l'absence,
dans un périmètre crédible, d'une plaine susceptible d'accueillir un premier
engagement de cavalerie…
Mais de débattre, il n'est jamais
question chez les amis du MuséoParc ; pas plus que de proposer la moindre
réponse - et pour cause! Quand on est tout dépourvu d'arguments, la seule
attitude possible est le survol approximatif et le gloussement satisfait.
N'évoquons même pas le site jurassien, que les trois signataires ignorent au
point de le croire «étroit» (sic) : plus de mille hectares, excusez du
peu! Et passons sur les fameuses expertises de 2011, à propos desquelles il y
aurait tant et tant à dire…
Reste l'ultime, le hideux argument:
l'argument d'autorité. Brunaux-Ping, Pang-Le Bohec et Voisin-Pong se drapent
dans leurs titres, se gargarisent de la doxa et constatent que «le
Barrington Atlas du monde grec et romain édité par l'université de
Princeton qui fait autorité en la matière situe Alésia là où elle doit être, au
Mont-Auxois.» Ici, faut-il rire ou pleurer? Voilà bien nos savants à nous:
frileux et suivistes, tout juste bons à attendre un verdict de la bouche de
leurs confrères anglo-saxons. Qu'à cela ne tienne! Je gage, au rythme où vont
les choses, que Princeton sera dessillée plus tôt que la Sorbonne. »
******
Danielle Porte intervient de son
côté sur FigaroVox le 30 mai 2014 à 16h.58 :
Alésia : pourquoi l'archéologie ne prouve rien
FIGAROVOX/TRIBUNE - La bataille d'Alésia
n'est pas terminée. Interpellée par des confrères dans FigaroVox, l'historienne
Danielle Porte, auteur de Alésia, la supercherie dévoilée, leur répond.
Danielle Porte, latiniste et
historienne, est spécialiste de l'Antiquité romaine, en particulier de la
religion romaine et des époques césarienne et augustéenne. Elle est l'auteur d'Alésia,
la Supercherie dévoilée.
____________
« Qu'il me soit permis, en tant que
directeur d'ouvrage et auteur, universitaire moi-même (maître de conférences
Docteur d'État à Paris IV-Sorbonne e.r.), auteur de
l'Imposture Alésia 1 & 2 (2004 et 2010) et de Vercingétorix (2013), de répondre à mes estimables
collègues au sujet du livre Alésia,
la Supercherie dévoilée,
ouvrage collectif que j'ai dirigé.
Il est navrant de lire sous leur plume
les éternels poncifs concernant Alésia, et surtout de constater qu'ils
répondent à un livre qu'ils n'ont même pas ouvert, tant cette «réponse» tombe
chaque fois à contretemps.
Ils critiquent l'hypothèse Berthier?
J'ai pris soin pourtant d'enlever du livre le nom-même de Chaux-des-Crotenay
pour empêcher les «Alisiens» de botter en touche, selon leur habitude, et de
parler de Chaux alors que nous les interrogeons sur Alise. A quoi bon
polémiquer sur une absence?
Ils regrettent que nous ne connaissions
pas le site d'Alise et son archéologie? («Au lieu d'examiner, ce qu'ils ne
font jamais, les résultats des fouilles?»). Nous avons pourtant dépensé 426
pages à examiner point par point tous les détails de cette archéologie, tant
d'après les ouvrages de M. Reddé et de J. Le Gall que d'après le volumineux Rapport
de fouilles M. Reddé / S. von Schnurbein.
J'avais écrit en conclusion du livre: «Alise,
que répondez-vous?... Rien? On s'en doutait un peu». Je ne croyais pas si
bien dire!
Car les partisans d'Alise n'ont rien à
répondre, et de fait ne répondent pas, à des réalités qui dérangent grandement
leur hypothèse. Les spécialistes qui ont rédigé le grand Rapport de fouilles
émettent systématiquement des doutes sur leurs propres trouvailles. Le projet
culturel du Muséoparc l'avoue lui-même «L'archéologie n'a pas livré
l'argument absolu qui permet d'identifier le site d'Alise-Sainte-Reine avec
celui de l'Alésia de César. Mais, comme toute science expérimentale,
l'archéologie a permis de mettre en évidence un certain nombre de faits
objectifs. Pris isolément et pour eux-mêmes, ces faits ne prouvent rien.»
Comment peut-on soutenir ensuite que les
fouilles prouvent absolument que le site officiel soit le bon? Nous avons
relevé toutes les contradictions et aveux d'impuissance dans notre livre.
Oh! si, nous avons étudié le site
d'Alise, et même à la loupe.
Ne nous ayant pas lus, ils reprennent
comme probants des arguments que, justement, nous réfutons dans le livre. Ils
reproduisent à l'identique les catalogues de trouvailles énumérées cent fois et
réfutées autant… souvent par les Alisiens eux-mêmes! Chacune des critiques que
nous avons formulées à ce sujet est accompagnée de sa référence.
Je relèverai sur mon blog - ce sera long - toutes les hérésies
proférées par les Alisiens pour secourir Alise, et dont la reconnaissance
n'entraîne pas l'ombre d'un doute. Telle la traduction de in longitudinem, «en
longueur», par (3000 pas) de large (Y. Le Bohec, p. 148).
La plaine d'Alise étant en largeur, il faut bien que César l'ait écrit… tant
pis pour son texte! Et tout à l'avenant…
L'argument majeur est l'unanimité de la «communauté scientifique» sur la
localisation d'Alésia. Riposte facile avec la condamnation de Galilée… Seul
contre tous, il avait pourtant tout à fait raison: la terre tourne bien,
jusqu'à présent, autour du soleil ; sauf pour quelques-uns.
«L'archéologie peut seule entraîner la
décision»? Sûrement pas celle d'Alise, dont
les invraisemblances sautent aux yeux et dont les tricheries sur armes et
monnaies ont été dénoncées depuis Napoléon III - à ce propos, les statères d'or
ne proviennent pas d'Alise mais d'un village proche de Clermont-Ferrand. On le
sait depuis plus d'un siècle.
Mais tout cela n'intéresse guère ni
J.-L. Brunaux, ni J.-L. Voisin, ni Y. Le Bohec. Mieux vaut la foi du
charbonnier. »
******
Et depuis ?
Depuis ? Rien. Comme je
l'ai dit, il n'y a rien à attendre, dans tous les sens de l'expression,
d'historiens qui se drapent dans leurs certitudes sans daigner jamais
s'informer sur les arguments que peuvent avancer les opposants au dogme.
Le wait
and see est-il de bonne guerre ? Si fuir le combat est une preuve de
courage, alors, oui, sans doute. Est-il efficace ? Oui, encore... mais
cette efficacité s'achète au prix du doute et du soupçon, immédiats ou à long terme, de ceux qui se seront
informés. Est-il une preuve d'habileté ? Non. Du
moins, pas pour longtemps. L'illusionniste ne soutient pas facilement sa
forfanterie, le prestidigitateur lasse vite son public s'il n'a rien dans son
chapeau.
Tant qu’on ne montre pas au public le
fond du chapeau en le tournant vers lui, on peut toujours affirmer qu’il est
plein. Plein de vide, il va de soi ; mais si les spectateurs attentifs
exigent de voir ce vide, qu’arrive-t-il ? On ne peut pas éternellement
berner un public sans qu’il crie à l’imposture ou à la supercherie. Justement.
La seule arme des partisans du site officiel ? La dérision et la
perfidie... qui ne sont toujours pas des réponses. Une citation suffira, qui
concerne les hypothèses comtoises : « Une quarantaine de sites au
minimum. Sans compter les Alesiæ potentielles (près de 4000!) et celles qui
surgissent un été et qui disparaissent avec les feuilles, à l'automne. Le but
est rarement scientifique. Il faut faire parler de soi, de sa localité,
allécher le chaland, attirer le touriste. Car le nom d'Alésia est
"porteur", comme l'on dit. Avoir chez soi la première page de
l'histoire de France est un privilège qui rapporte gros. Aussi, les élus ne se
privent pas de soutenir des initiatives et des revendications locales qui ne
reposent archéologiquement sur rien mais qui pourraient transformer un site
inconnu en un "lieu de mémoire". On ne sait jamais, des curieux
peuvent se déplacer. » (J.-L. Voisin, Alésia, un village, une bataille, un site, 2012, p.
164).
Impudence et imprudence à la fois.
Lire, sous la plume d'un Alisien : « Avoir
chez soi la première page de l'histoire de France est un privilège qui rapporte
gros » est
puissamment divertissant lorsqu'on songe aux intérêts économiques brassés par
le Muséoparc, dont nous entretient presque quotidiennement la presse, tant sur
papier que sur Internet, au point que pour les « Bourguignons » la
question financière a totalement éclipsé les problèmes historiques. Serait-ce
une belle illustration du proverbe fameux sur la paille et la poutre ?
« Il
faut faire parler de soi, de sa localité, attirer le chaland… » Sait-on bien que, dans leur immense majorité, les partisans
« du Jura » ne sont pas originaires, justement, du Jura, ?
Quant aux élus... qui « ne se
privent pas de soutenir des initiatives et des revendications locales »... dans le Jura... on croit rêver ! Toutes nos démarches auprès des dirigeants du
Conseil Général, du Régional, des Maires etc. se heurtent à la même réponse : « les fouilles pratiquées à Alise Sainte-Reine
ont amplement prouvé qu'elle est le véritable site d'Alésia ». La
dernière tentative, l'hiver 2013, auprès du Président du Conseil Général du
Jura (à Lons-le-Saunier) a vu remonter nos demandes jusqu'au ministère. Réponse
rapide de Mme Fillippetti : elle engageait le Président à s'informer auprès de
la DRAC s'il désirait des précisions supplémentaires, puisque les fouilles
d'Alise avaient prouvé que... L'antienne ordinaire. Retour à la case Départ...
De toute évidence, le tourisme et la
manne financière qu'il draine intéressent bien plus l'opulente Bourgogne qui, pour
les protéger, s'accroche bec et ongles à
son Muséoparc, que la secrète et farouche Franche-Comté qui se fait, elle, du
tourisme à prévoir, un épouvantail.
Même pour verser dans la caricature, il
faut savoir dessiner. Même pour manier la dérision, il faut se renseigner.
Sinon l'on risque de faire rire... à ses dépens.
____________
Note *
: Telle qu'elle est écrite, la
phrase "qui affirment* que le site d'Alésia n'est pas en
Bourgogne mais dans le Jura" semble
signifier que la localisation jurassienne est revendiquée par les historiens
d'Alise. Ce pluriel est plutôt singulier.
Note ** : En revanche, le mépris
des autorités intellectuelles n'empêche pas le bon sens de progresser et les
doutes de s'infiltrer... un peu partout. Il est courant de voir à présent sur
les cartes, les notices, les articles, qu'Alise est le site "présumé"
d'Alésia. Ne serait-ce que pour cela, nous aurons fait du bon travail.
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