Titre canular ? Que non pas. Sujet très sérieux, au contraire.
Avant de l'expliquer, il me vient une tentation, à laquelle je succombe : j'aurais pu intituler ce début de blog "de Scylla en Charybde", "de la poubelle à l'Olympe" ou, plus hugolien : "Ah! n'insultez jamais une femme innocente !"
Je ne l'aurais même pas signalé sur un blog, mais la rencontre est vraiment trop savoureuse ! Après avoir subi les tombereaux d'injures dont je vous ai fait longuement profiter ici, après avoir lu que j'étais incapable de traduire trois lignes de latin, et la kyrielle de gentillesses, parfois à la limite de l'outrage, qui qualifiait mes livres, j'ai eu le plaisir, jeudi 6 décembre, de voir mon Dictionnaire du Siècle d'Auguste couronné par... l'Académie Française, remportant le Prix du livre d'Histoire (Fondation François Millepierres). Après les ordures, les ors de la République, la célèbre Coupole, la Garde Républicaine, le défilé des Immortels en grand habit vert à palmes dorées, au son des tambours, l'éloge et les discours, l'émotion de se trouver dans les mêmes augustes lieux qui accueillirent tant d'illustres Ombres, la sortie entre les deux files de Gardes sabre au clair, la réception dans les salons de l'Académie et, en finale, le baiser de Mme Hélène Carrère d'Encausse elle-même, Secrétaire Perpétuel... voilà qui console de bien des avanies. À tant faire, que mes amis s'en réjouissent, et que mes ennemis en... chut !!!!!!
Revenons à notre titre et développons-le. Là aussi, le Ciel nous a offert une douce vengeance.
L’HEURE HACHE
Curieux. Très curieux.
Voici
qu’après cinquante-huit ans de sarcasmes et d’ironie, les responsables de la
recherche alisienne ont l’air de se réveiller ! se frottent les yeux sans
pouvoir les en croire, comme, d’ailleurs, nous avons frotté les nôtres avec le
même résultat.
Quel
est le facteur inattendu de ce mini-revirement dont rien, après le venimeux Manifeste des archéologues dont nous
avons amplement parlé, ne laissait entrevoir la possibilité ?
Pas
ce nom magique : le L .I.D.A.R. Et pourtant… Ce procédé
scien-ti-fi-que dont tout le monde – et la Presse surtout – a vanté à l’envi
les bienfaits et qui souleva la tempête : voilà que ces arriérés de Jurassiens avaient
eu connaissance du procédé révolutionnaire ! Mieux – ou plutôt :
pis ! – qu’ils prétendaient en faire l’application à ce maudit site de
Syam-Chaux prétendument assimilé avec le
lieu immortel et prestigieux, – bourguignon ce qui ne fait de doute
pour personne –, où César triompha de Vercingétorix et mit la Gaule aux pieds
de Rome. Quelle aberration ! Eux dont
les Autorités Scientifiques avaient réussi, depuis près de soixante ans,
à juguler les prétentions, se mêlaient, maintenant, de vouloir jouer dans la
cour des grands, et de s’approprier les techniques de recherche les plus
modernes au bénéfice de leurs fantaisies insanes... Le monde, qui déjà, ces
temps-ci, ne tourne plus bien rond, tournait décidément à l’envers. Le monde
scientifique surtout. Ces farfelus, mis sur le même pied que des professionnels
chevronnés, bénéficiant des faveurs de la Presse refusées aux tenants du
véritable site, authentifié depuis Napoléon III dont les conclusions furent
entérinées par Michel Reddé dans les années 1995…
(ajoutons,
la plume nous démange : sans qu’aucun élément – hormis une balle de
fronde suspecte – fût venu les cautionner ; et alors que le Rapport de fouilles signale à
chaque chapitre toutes les incongruités des résultats de recherche en tous domaines…)
Ah !
mes constructions cicéroniennes vont offusquer la clarté du sens… Reprenons en
résumant. Donc : À l’Est rien de nouveau, mais, manu militari, Alise est toujours Alésia.
Toutefois…
Si la première opération de prospection aérienne avait révélé les structures du
camp Nord (lignes des fortifications, portes, tours espacées des 24 m
césariens, ce qui suffit à soi seul à isoler le siège de -52 parmi tous les
autres sièges envisageables, etc.)
et donc, s’étaient focalisées sur Crans et sur la plaine en avant de l’oppidum, la seconde privilégia l’oppidum lui-même.
Oh !
nous savons depuis belle lurette que le site était celui d’une grande ville, au
vu des remparts «cyclopéens» dont la hauteur et la taille des
dalles excluaient toute interprétation par les «murets agricoles»
chers à Michel Reddé [1] ;
bien que les Alisiens prétendissent que nos arrière-arrière-arrière-etc.-grands parents du Moyen Âge
pouvaient déployer une force musculaire bien supérieure à celle de nos
contemporains (il faudra que je retrouve la citation exacte, elle vaut son
pesant de cacahuètes) ; et que, donc, il ne fallait pas remonter au déluge
ni au VIIIè siècle av. J.-C. pour leur en attribuer la construction.
Médiévaux ? Même pas. Du siècle dernier tout au plus. Que, d’autre part, il
ne fallait pas arguer du texte de Diodore de Sicile, un obscur écrivaillon
grec, pour voir dans le site jurassien la «métropole religieuse de toute
la Celtique», bien qu’y pullulassent les orthostates en tout genre
et les structures arbitrairement proclamées «cultuelles» par
ces incultes ; et, surtout, puisque cette métropole sortait tout armée,
telle Minerve, du cerveau à coup sûr fortement alcoolisé de Danielle Porte.
Au
passage : ladite Danielle Porte se demande toujours comment elle a pu,
dans un premier temps du réquisitoire alisien, appuyer ses fantasmes sur un
texte «inventé par Diodore»,
puisque «Diodore n’en parle
pas» ; et, dans un second temps, «inventer de toutes pièces» sa métropole-fantôme que Diodore
avait lui-même inventée. Rappelons que, même si ses adversaires actuels ne le
connaissent pas, le texte de Diodore existe bien, et atteste même que
l’Alésia-métropole et l’Alésia-de-César ne font qu’une. Je reproduis avec
quelque lassitude le texte de Diodore, tel que le cite le recueil de Joël Le
Gall, qui, en tant qu’Alisien, ne peut
pas rêver ni inventer, éd. de 1973, p. 56 : «Les Celtes honorent, de nos jours encore, cette ville où ils voient le
foyer et la métropole de toute la Celtique. Jamais depuis l’époque d’Héraclès
jusqu’à la nôtre elle n’avait cessé d’être libre et inexpugnable ; mais
maintenant Caïus César, celui qui a été divinisé pour la grandeur de ses
exploits, la conquit de vive force et lui imposa, ainsi qu’à tous les autres Celtes,
la domination de Rome». Diodore de Sicile, Bibliothèque historique,
IV, 19, 2.
Donc,
le mur du Chemin aux Ânes, repéré sur toute sa longueur [2] par
André Berthier, protégeait bien, à lui appliquer ce témoignage antique, une
ville sacrée. Quelque lourde ironie qu’on pût exercer sur les noms que leurs
découvreurs leur donnèrent, on ne pouvait confondre la «Boîte à
Lettres» ou les «Monuments en U» ou les «Quarts de
Brie» avec des tas d’épierrement, ou refuser à nos pierres levées, telle
ma «déesse Alésia» dont ils
firent des gorges chaudes, la qualité d’orthostates. Les alignées de pierres
qui quadrillaient champs et forêts classées officiellement «limites de
parcelles», identification qui fait hurler le cadastre, restaient donc
pour nous, même mystérieuses, des constructions gauloises ou romaines, car les
deux se mélangent et il n’est pas rare de voir, au camp Nord notamment, des
murs de type celtique poursuivis par des murs en appareil romain :
lorsqu’on guerroie dans un pays, on se sert, semble-t-il, des constructions
existantes, sans spécifier à l’usage de ses futurs descendants que là commence
le romain parce que là finit le celtique. Et nous continuâmes de sourire en les voyant décréter, devant certain amas
de pierres… parementé à la verticale, qu’il ressemblait tant à… une moraine
(!) qu’il eût été aberrant d’y voir autre chose. L’écartement constant de ces huit
«tas de pierres» identiques exclut pourtant une interprétation
officielle aussi saugrenue [3] :
les glaciers ont vraiment bon dos. Nous préférions, nous, voir dans ces vestiges construits des bases de
tour, dont la plus parlante est celle qu’on désigne comme la Porte Nord,
voisine du Mur militaire en moyen appareil, formé de pierres bien équarries, indéniable,
lui, et qu’un col de pot découvert à son pied permet de déclarer romain [4].
Mais
voilà : la pierre est muette… même si les archéologues la font parler, la
plupart du temps selon leurs convictions, et, bien sûr, selon ce qui peut
servir la thèse Alésia = Alise. Donc, exit
Diodore, exit sa métropole fantôme ; plus
de cyclopéen, plus d’Âge du Bronze final, plus de plongées indécentes dans des
époques invraisemblables, mais du médiéval de tout repos, du paysan début XIXè
sans problème, de la pierraille anonyme sans histoire(s).
Une fois
nos remparts cyclopéens mis au rang de purs fantasmes et nos mégalithes
éliminés comme résultant d’accès de folie furieuse, il fallait aux Alisiens de
l’humain ; du palpable, du
datable, si possible du bronze. Pas
de bronze, pas d’Alésia.
On
leur soumit cet humain et ce bronze, et du fer aussi, sans infléchir d’un iota leurs conclusions. Éliminés bien
vite furent les objets de métal ; déclaré agricole ce qui était militaire ; ignorées
la clef et les monnaies ; oubliés les tessons de campanienne, de sigillée, de
grise et de bleue… Il ne restait rien
qui fût probant pour autoriser une datation pré-moyenâgeuse. Tout le matériel
et la «grange» qui le contenait, datait du IIIè siècle après J.-C. César n’avait sûrement
jamais mis les pieds à Crans, ni Hercule posé les siens à Chaux.
Il
nous semblait pourtant que la clef modèle Pompéi trouvée par François Billot
était furieusement romaine. Et non moins furieusement la douzaine de monnaies
frappées au nom d’empereurs à coup sûr pré-médiévaux, Vespasien et ses
collègues du Haut et du Bas Empire, jusqu’à Numérius et Carin. Oh !
certes, il n’y avait pas de César dans les quelques sondages qui nous permirent
d’interroger la terre. Mais Alise non plus n’a pas de César postérieur à -54
av. J.-C., et mieux lui vaut de rester discrète sur ses Vercingétorix. En tout
cas, le sol de Crans avait bel et bien vu camper sur lui des légionnaires
romains après le départ du grand chef : celui-ci n’allait sûrement pas
laisser le secteur sans surveillance, et ses successeurs non plus !
Un
premier progrès toutefois : l’expert consulté sur les armes découvertes au
camp Nord par André Berthier, après avoir repoussé loin de lui, sur la table,
tout ce qui pouvait ressembler à une arme et délivré son verdict sur les fils
de fer barbelés ou les fragments de pioches rouillés, finit par déclarer tout
récemment qu’influencé par les analyses de Christophe Méloche, il «était parti sur un contexte agricole
médiéval, mais que sans cela il en aurait jugé différemment». Je le
tiens de ceux mêmes qui assistèrent à l’expertise.
Or,
Christophe Méloche, qui avait écrit durant des années que tout ce qui sortait
du sol de Crans était romain à 90%, avait été "influencé" lui-même par une lettre
d’Élise Boucharlat [5], qui
disait textuellement ceci : (n. 3) « mais à lire entre les lignes, votre
texte évoque à plusieurs reprises le siège d’Alésia et laisse planer le doute
sur la localisation de l’oppidum. En laissant croire que ce site pourrait se
situer à Syam, il entretient une controverse fâcheuse dont toute la communauté
archéologique s’accorde à dire qu’elle est sans objet depuis un siècle. Cet attachement à la thèse de l’Alésia
franc-comtoise est de nature à jeter le discrédit sur votre équipe. »
Le
message était clair, il fut compris.
D ‘un trait de plume, le camp Nord émigra, avec armes et bagages,
on peut l’écrire !, de l’autre côté du Temps et le «moins»
devint «plus» : tout ce qui avait été jugé romain, gaulois,
voire antérieur, se retrouva transplanté au IIIè siècle après J.-C. et devint loi pour la
Communauté Scientifique.
Mon
commentaire n’ira pas plus avant.
Nos
murs, quoique cyclopéens, n’étant que de pierre et donc nuls et non avenus,
notre métropole restait toujours à démontrer. Ce fut le bronze qui s’en
chargea.
Pas
grâce aux relevés LIDAR, qui ne peuvent creuser la terre et en exhumer les
trésors. Néanmoins, on vit bien une représentante de la DRAC – ou de l’iNRAP,
pour nous c’est du pareil au même – aux conférences de présentation publique du
LIDAR à Champagnole ainsi qu’aux réunions officielles qui suivirent. On ne
rêvait pas : les services de l’Archéologie acceptaient de se commettre parmi nous ! de considérer enfin
notre site comme digne de l’attention des Archéologues ! Il n’était plus
peuplé par des imaginations débridées de «gens du coin [6]» désireux
de prendre place indûment dans la liste des Alésia potentielles en l’imaginant
chez eux… Encore qu’il soit toujours indécent de prononcer le nom, à jamais
proscrit, d’Alésia ! Mais on pouvait se contenter de l’authentification d’une «grande cité de l’Âge du Bronze
final». Ainsi l’établit triomphalement la Presse régionale.
Quant à nous, les libres chercheurs non-Jurassiens, il nous était loisible d’aller plus loin dans l’interdit, d’appliquer la
grande prescription «deux et deux font quatre», et d’invoquer
Diodore en mettant en équation l’essentiel de son texte : la cité de l’Âge du Bronze final était aussi
l’Alésia qu’assiégea César.
Hercule
= César. En moins académique : Hercule et César même combat. Petit plaisir innocent dont, bien sûr, nous ne nous privons pas.
***
La
vérité surgit… autrement. Miraculeusement.
Nous
avions bien, tous, en mémoire la hache de bronze découverte au sommet des Gîts
de Syam, mais la croyions elle aussi mythique, fruit de ces bruits qui courent
et se perpétuent de décennie en décennie, privés de tout support livresque, par
là même invérifiables. J’en avais lu l’attestation dans quelque écrit de nos
chercheurs, et me contentai d’en noter l’existence dans le premier de mes
livres [7],
consacré aux découvertes sur le site de Chaux qui pouvaient, réunies,
contribuer à une reconnaissance de la montagne comme d’un oppidum celtique cerné par des retranchements romains ; donc, de cette fameuse métropole évoquée par Diodore et confondue avec l’Alésia de César.
Mon scrupule bien universitaire, du moins chez les chercheurs orthodoxes, de
citer mes sources, souffrait de cette lacune [8], mais
qu’y faire ?
Et
voici que cette hache providentielle ressurgit. Officiellement. Non dans un
écrit, ce qui eût été, déjà, miraculeux, mais… telle qu’en elle-même !
Elle, en vrai de vrai. Intacte, parfaitement conservée ; datable sans
aucun doute du VIIIè siècle av. J.-C., par simple comparaison avec
ses pareilles découvertes ici ou là, un peu partout, expertisées, authentifiées,
photographiées… bref : digne du label «hache du Bronze final».
Si Équevillon, Ney, le Frasnois,
communes avoisinantes, pouvaient se
glorifier de haches semblables, elles aussi visibles au musée de Lons, le site
de Chaux, privé du précieux bronze, nous refusait cruellement la preuve de métal qui couronnait la thèse
Berthier.
Absence
délibérée ? Peut-être. Rien, dans la bible jurassienne qu’est le célèbre
«Rousset», publié en 1853. Rien, dans la plus moderne Carte Archéologique du Jura due à Marie-Pierre
Rothé, 2002, 840 pages de papier glacé qui pèsent leur poids, où sont recensées
les moindres trouvailles et signalés, dans l’index, des témoins aussi importants
que des andouillers de cerf… – ce qui me
rappelle une de mes vieilles indignations concernant la salle Louis-Abel
Girardot, au musée de Lons, où les comptes-rendus de Presse mentionnaient un «crâne de chien
néolithique» et rien d’autre, alors que cet archéologue avait consacré un
long article, en 1889, à l’«Ancien poste romain», signalé ainsi sur
les cartes, situé près de Châtelneuf [9], d’où
l’on voit l’oppidum qu’il devait
protéger, et riche en objets romains de l’époque «de la Conquête
romaine»… ce qui l’engageait à croire qu’un grand combat avait dû se
dérouler dans les parages, aux temps qui
nous intéressent. Pas d’Ancien poste romain non plus, nulle part…
Vitrine du
musée de Lons-le-Saunier : les haches
Pour
ce qui est des affectations chronologiques [10], voici
les étapes retenues :
(Je n’ai laissé subsister que le type «Bronze
final», les autres, plus anciens, n’apportant rien de plus à
l’authentification ; et surtout, la photographie de «notre»
hache à aileron imposant son évidence au premier coup d’œil. )
La «nôtre»
peut être vue au musée de Lons le Saunier, où la photographièrent, séparément,
Jacques Blondeau et Anna Martin. Dans le cadre de l’exposition sur les dons
reçus par le musée.
Déjà
magnifique de conservation, tout autant qu’en ce qu’elle signifie pour nous,
elle reçoit son identité et ses lettres de noblesse grâce à l’inscription
officielle qui l’accompagne :
«Hache
à ailerons
Alliage cuivreux
Syam, grotte de la Cheminée
Àge du Bronze final
inv. 3032
Don Monnier-Jobez, 1842.
Cette hache en bronze est découverte à Syam,
dans l’ «antre dit de la Cheminée», et offerte au musée le 12
mai 1842. Le donateur, «M. Monnier-Jobez», est donc Étienne
Monnier, (1764-1849), maître de forges à Sirod, membre fondateur de la Société
et époux d’Adélaïde Jobez (1780-1872), fille du maître de forges de Syam. Il
s’agit d’une hache à ailerons.»
© Photo Jacques
Blondeau
Que
va-t-on nous inventer, cette fois ? Qu’il s’agit d’un faux ? Que les
experts qui rédigèrent l’écriteau avaient forcé sur le vin Jaune ? Que
Lons le Saunier est trop éloigné pour qu’on puisse s’y rendre ? Qu’une
soudaine crise de delirium jurassicum
avait frappé l’imprudent responsable du musée, le poussant à exposer un objet
que bientôt deux siècles avaient tenu prudemment enfoui dans la poussière de
quelque obscur sous-sol ? Car il (ou elle) ne se doutait sûrement pas que
ses mains tenaient une véritable bombe, qui pulvérisait par sa seule existence
le sérieux tant vanté des Autorités officielles, capables de se cramponner
farouchement à des certitudes datant de Napoléon III, intouchables de son temps
par simple opportunisme ou simple courtisanerie, (oserai-je :
courtisânerie ?), et préservées du moindre doute depuis, par simple
routine ou simple paresse intellectuelle.
On savait la vérité depuis 1842 ! et
on la tenait cachée depuis ! On se gardait bien de tenir compte de son existence quand on traitait André Berthier de farfelu ou de zouave à la retraite ! J’aime bien l’appréciation que porte sur
cette réapparition, en un savoureux zeugma, l’un de mes correspondants, Gilbert
Girard, de Bourges, et la lui emprunte sans vergogne : «Si j’étais
l’auteur de la fameuse formule site
archéologiquement nul, je tremblerais d’effroi à la vue de cette hache surgie
des profondeurs du temps et des caves du musée de Lons».
Oh !
oui, qu’ils tremblent ! car ces 316 grammes de métal suffisent pour jeter à bas des tonnes
d’affirmations éhontées, de certitudes branlantes colmatées avec la colle de la
hargne et du mépris qui ont écrasé notre site et ont surtout fait en sorte
qu’on n’y fouillât pas. Car tout effort pour nous faire entendre des Autorités
archéologiques était d’avance voué à l’échec : «Ne pouvant que vous décevoir», écrivait Bruno Bréart,
Conservateur régional de l’archéologie, à Jacques Berger [11], le 29
août 1996, «je préfère ne pas vous
recevoir». Le meilleur moyen d’avoir raison, c’est de refuser la
discussion. Mais est-ce bien scientifique ?
Cent
soixante seize ans d’ignorance officielle, d’obstination obscurantiste ou
de malhonnêteté intellectuelle… Alors
qu’on sa-vait ! On est saisi
de vertige. On croit rêver. On a peur de juger. Et ils osent encore se regarder dans une glace !!!
Nous
ne comptons pas, évidemment, sur une palinodie. Si j’ai écrit, dans notre Éphemeris 16, que nous attendions les
Alisiens «pieds nus, en chemise et la corde au cou», nous nous
résignerons à laisser la chemise et la corde au vestiaire. Pareil voisinage n’honorerait guère les
Bourgeois de Calais.
Mais
si quelque jour leurs regards
croisent les nôtres, ils sauront,
sans qu’un seul mot ne s’échange, en quelle estime nous les tenons.
Danielle
Porte ©
[1] Ce mot, devenu historique, prononcé par le grand
patron de l’Archéologie française interviewé par le cinéaste Benoît
Bertrand-Cadi dans le film diffusé le 12.12.2008 sur Canal+, a motivé le
changement du «Mur du Chemin aux Ânes» en «Muret agricole
Michel Reddé».
[2] Les tronçons principaux sont ceux du Chemin aux Ânes,
présentant la hauteur intégrale, et l’alignée de dalles monumentales des
Chaumelles que poursuit le Mur du Censeur. Ailleurs, la présence de blocs de
pierre analogues à ceux des murs cyclopéens atteste la continuité du
rempart : on le retrouve en crête, puis au Chavon, puis à l’Est près de
Chaux.
[3] Certains de ces tas de pierres contenaient, dans leur soubassement, de la poterie romaine, cf. Annales d’Alésia, 1984, p. 26.
[3] Certains de ces tas de pierres contenaient, dans leur soubassement, de la poterie romaine, cf. Annales d’Alésia, 1984, p. 26.
[4] Dans le sondage A. Voir Annales d’Alésia, 1984, p. 24.
[5] Courrier du 18 mai 1993, émanant du Ministère de la
Culture et de la francophonie, Préfecture de la Région Franche-Comté, Direction
régionale des Affaires Culturelles, Service de l’Archéologie, 9 bis rue Charles
Nodier, 25043, Besançon Cédex, réf. HL/SM/93/732. On peut le lire dans les
Archives Berthier conservées par ArchéoJuraSites, mais je le copiai de ma
blanche main et au stylo, dès qu’elle parvint à la connaissance d’André et de
Suzette Berthier, qui m’y autorisèrent.
[6] Encore que, je l’ai fait remarquer plusieurs fois, ni
le découvreur, ni ceux qui lui succédèrent, ni ceux qui œuvrèrent par leurs
écrits ou diverses réalisations, blogs notamment ou films, ou cartes, à la recherche d’Alésia selon
A. Berthier, ne soient Jurassiens.
[7] Dans Alésia,
citadelle jurassienne, la colline où soufflait l’esprit, Yens-sur-Morge,
2000, p. 123.
[8] Comblée tout récemment par Jacques Blondeau et
Bernard Gay, que je remercie, il va de soi. Communication de Mireille Viala, Alésia et les voies antiques de pénétration
du Jura, Bulletin de l’A.L.E.S.I.A., 1989, p. 29.
[9] L.-A. Girardot, Notes
sur le plateau de Châtelneuf, Lons-le-Saunier, 1889. Carte IGN Champagnole
3226 ET, 5 B, cote 851.
[10] Planche XXXVII, C. Barrière et B. Pajot, les Grandes étapes de la Préhistoire,
Musée St-Raymond, Toulouse, 1980.
[11] Lettre publiée dans le bulletin n° 17 de l’association
A.L.E.S.i.A. dont J. Berger était président.
Grand. Merci Danielle Porte...
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