la Colline inspirée

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vendredi 12 décembre 2014

le Coup de pied… de l’âne



le Coup de pied...  de l'âne























C’est bien une semelle, en gros plan et d’autant plus infamante, qu’on peut voir dans le dernier numéro de la Recherche (494, déc. 2014, p. 93) en tête d’un article de Luc Allemand, son Rédacteur en chef, intitulé : « Touche pas à ma science : la bataille d’Alésia est bien terminée.  » Supposons, dans le meilleur des cas, une corbeille à droite de la semelle. Mais vu le ton de l'article, ce doit être une poubelle ou bien un caniveau. 

Sur un ton et avec un vocabulaire inqualifiables, l’auteur est censé rédiger une critique de la Supercherie dévoilée, mais croit s’en tirer en ne parlant que de la préface, due à Franck Ferrand, qu’il attaque violemment : « Franck Ferrand est-il stupide, cynique ou simplement malhonnête ? »

Et coule une prose fielleuse, nourrie d’aigreurs rentrées, qui incrimine la « notoriété acquise sur les ondes d’Europe 1 et consolidée à la télévision », « une lecture fondamentaliste du texte » (de César), les « motivations nationalistes » que « ne cherche même pas à dissimuler » « un animateur de radio qui préfère apparemment les histoires que l’on raconte à l’histoire que l’on étudie ».

Texte complet :
"Franck Ferrand est-il stupide, cynique ou simplement malhonnête ? Usant d'une notoriété acquise sur les ondes d'Europe 1 et consolidée à la télévision, il cautionne en effet en le préfaçant un ouvrage intitulé Alésia, la supercherie dévoilée, consacré à la "démonstration" qu'Alise-Sainte-Reine, en Côte d'Or, n'est pas le lieu de la bataille d'Alésia. Ces affabulations, apparues lors des premières recherches sur la question il y a environ cent cinquante ans, auraient dû rester cantonnées au passé, si cher en apparence à Franck Ferrand. Depuis les fouilles archéologiques menées à Alise-Sainte-Reine au cours des années 1ç90 par une équipe franco-allemande, plus aucun doute n'est en effet possible : c'est bien là que les légions de Jules César ont vaincu l'armée gauloise, dirigée par un certain Vercingétorix. Mais face à des méthodes d'étude scientifiques qu'ils ne comprennent pas, quelques nostalgiques du XIXe siècle invoquent une lecture fondamentaliste du seul texte contemporain de la bataille, écrit par César lui-même. Récusant l'archéologie comme source de preuves, ils refusent tout simplement qu'aucune localisation soit démontrable scientifiquement. L'animateur de radio, qui préfère apparemment les histoires que l'on raconte à l'histoire que l'on étudie, ne prend même pas la peine de dissimuler ses motivations nationalistes, en écrivant  "Si, en revanche, Alésia se situe - comme je le crois - dans le Jura, la démarche de Vercingétorix trouve à la fois sa logique, sa force et son panache" (p. 13). Luc Allemand

Danielle Porte (dir.) Alésia, la supercherie dévoilée, Pygmalion, 2014.

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Comment Franck a-t-il pu, en effet, cautionner un livre écrit par « des nostalgiques du XIXe siècle », « face à des méthodes d’étude scientifiques qu’ils ne comprennent pas » ? Des ennemis de la Science et de l’Archéologie Souveraines qui osent !... vous m’entendez bien, qui  O S E N T  préférer César à Michel Reddé !!!

Car c’est Michel Reddé qui est invoqué, tel Dieu le Père, pour valider la localisation d’Alésia, déjà en 2003, dans la Recherche, 3, 863, p. 16 : Alésia est une référence qui ne prête pas à discussion. Avec la morgue qui le caractérise, le directeur des fouilles de 1996 y confiait à Luc Allemand : 
« Les résultats de Napoléon III étaient suffisamment probants. D'ailleurs, pour les spécialistes d'archéologie militaire, il n'y a jamais eu de doute. La controverse, qui se poursuit encore aujourd'hui, est purement franco-française, et limitée au cercle des non-spécialistes. » Si les non-spécialistes se prennent par la main, ils vont vraiment former un cercle impressionnant ! 

Il est amusant de comparer les affirmations de Michel Reddé en 2003 – les références de Luc Allemand datent ! – et les plus récentes orientations des Alisiens (car, de 2003 à 2014 il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts de la Saine comme de l’Ozerain). Aujourd’hui, on récuse le camp du Réa comme étant le camp Nord, une fois qu’on s’est eu enfin aperçu qu’il était en bas de pente, pas au sommet, ce qui faisait croire que César avait trop bu lorsqu’il avait vu les Gaulois « tenter l’escalade ». Mais en ce cas, s’ils n’occupent plus le Réa, il faut bien caser quelque part les deux légats, Réginus et Rébillus, et leurs deux légions.

On les a donc déplacés sur le Bussy (au nord-est, cette fois, toujours pas au nord). Mais le Bussy est déjà pris par Labiénus, dont les deux balles de fronde marquées, dit-on, TLAB,  « assurent de manière absolue (l’) identification ». En pareil cas, ou bien on case, comme on peut, trois légions dans les 7,9 ha que couvre le camp de Labiénus, déjà trois fois trop petit pour une seule ; ou bien, si l'on persiste à entasser les deux nouvelles venues au Bussy, on doit éjecter Labiénus et l’installer un peu plus à l’est, ce qui l’amène au Pennevelle, resté sans occupation militaire. Et le nord n’a toujours pas son camp... où se joue pourtant le dernier épisode du drame et le sort de la Gaule.

Toutefois, comment renoncer à son fossé, puisque en sortirent toutes les armes et les monnaies dont s’enorgueillissent les musées napoléoniens ? Il est plus difficile à biffer que ce troisième fossé bien encombrant que Napoléon III effaça d'un coup de gomme. On le conserve donc… Et nous voilà riches d’un fossé sans camp… d’un fossé bizarre, d’ailleurs, s’il est vrai que, tourné vers l’intérieur, côté oppidum, et donc attaqué par les hommes de Vercingétorix, il pouvait difficilement contenir les monnaies des peuples attaquant le fossé extérieur, celui de la circonvallation, surtout celles des peuples qui n’étaient pas venus secourir Alésia. Quant aux armes… les Alisiens de bonne foi – dans les entractes – sont tout aussi dubitatifs de nos jours que l’étaient ceux qui les découvrirent : Joël Le Gall reconnaît qu’en 52 av. J.-C., « il y avait belle lurette » qu’on n’utilisait plus d’armes de bronze analogues à celles qu’on trouva à Alise, « cela faisait bien un millénaire ! » (Alésia, archéologie et histoire, 1961, p. 70). 
  
Lorsqu’il parle devant les membres de l’Institut, en 1993, Michel Reddé s’éloigne à petits pas d’Alise-Alésia, et considère qu’après tout, vu les disparates entre les armes de plusieurs époques (Âge du Bronze jusque bien au-delà du Bas-Empire) et l’invraisemblance des monnaies, mieux vaut considérer le matériel archéologique d’Alise comme… un dépôt votif ! Il est difficile de décider, en effet, « si le matériel provient de sépultures, d’offrandes votives, ou constitue le dernier vestige des affrontements sur le champ de bataille ». Un aveu sans doute éphémère et chuchoté en cercle restreint, mais qui, sous cette plume autorisée s’il en est, vaut son pesant d’or.

Ses thuriféraires ne suivent donc plus aveuglément le Maître, lorsqu’ils reviennent joyeusement à la seule Alésia, en bousculant ses hésitations : pourquoi examiner « une question qui ne devrait plus se poser » (J.-L. Voisin, Alésia, un village, une bataille, un site, p. 161). Sans doute n’est-ce pas un hasard si tant de petits livres exaltant Alise parurent la même année 2012 : le chant des sirènes du Muséoparc avait dû susurrer de plus séduisantes notes que les buccins et les carnyx des vieux textes. 

Eh ! oui… La preuve par neuf, c’est le Muséoparc. Même ouvrage et dernière page  (206) : « Manque la perspective du futur. Elle est désormais ici dans cette gigantesque rotonde due à l’imagination de Bernard Tschumi. Où chacun voyage selon sa fantaisie à travers les siècles et devient tour à tour gaulois, romain, germain. Il devient Alisien. » Pas si sûr ! Combien d’aveux avons-nous reçus de visiteurs sortant de la prétentieuse rotonde : « Mais il n’y a rien ! »

Voilà donc Michel Reddé lui-même dépassé par le Muséoparc…

Revenons à la Recherche. Il est clair que Luc Allemand, tout à sa rage contre Franck Ferrand, n’a pas poussé sa lecture plus loin que la préface. Il se serait aperçu peut-être que, loin de nous contenter d’examiner le texte de César à la loupe – ce qui est tout de même le B.A.BA de toute recherche – nous avons abordé tous les aspects scientifiques de l’épisode Alésia, y compris ceux que les Alisiens se gardent bien d’approcher, tels les problèmes de surface, d’eau, de déchets, de possibilité d’exécution des travaux.

Les historiens ne condescendent pas à lire nos livres ? Nous, nous épluchons les leurs et combattons nos adversaires avec leurs propres armes : tous nos arguments contre Alise sont tirés des ouvrages-mêmes des Alisiens, que nous mettons, sur références, en face de leurs contradictions : comment put-on retrouver dans le fossé intérieur des os de chevaux germains, venus avec César, d’autant que, selon lui, les chevaux des Germains n’ont pas combattu ? retrouver sur l’oppidum des monnaies usées alors que leur frappe datait d’un mois ? et retrouver des monnaies gauloises dans un camp romain ? Toutes nos questions, nées d’une réflexion menée au XXIe siècle, pas au XIXe, et sur lesquelles les historiens et les scientifiques alisiens passent à pieds joints, restent sans réponse. Le silence est bien facile, mais ne trompe personne.

Il m’étonnerait que les auteurs des derniers ouvrages, bien légers et superficiels, des Alisiens récents, Yann le Bohec, Jean-Louis Voisin, Jean-Louis Brunaux, connaissent vraiment le grand Rapport de fouilles de M. Reddé et S. von Schnurbein aussi bien que nous, qui l’avons lu et commenté ligne à ligne. Oh ! non, nous n’en sommes pas restés au XIXe siècle ! Nous avons même recouru au LIDAR, à la magnétométrie, au géoradar, avant les chercheurs d’Alise.

Mais avions-nous le droit de nous occuper encore d’Alésia, cette question déclarée tabou par les Autorités Scientifiques Unanimes Associées ? À en croire Luc Allemand, non, puisque son seul grief à l’égard de Franck Ferrand est d’avoir préfacé un livre dont le titre commence par le nom maudit. Peut-être même, vu l’indigence de l’article, n’a-t-il lu que le titre.

Et c'est là, unilatérale, formelle et forcenée, la négation de l'indépendance d'esprit, de la simple et saine curiosité ; la condamnation à mort de la recherche et du progrès scientifiques. À rabâcher toujours la même antienne, surtout si l'on n'en a pas analysé les termes, on s'endort, on s'immobilise, on se statufie. 

Si les chercheurs en histoire doivent demander l’Autorisation des Autorités avant de noircir leur première page, le champ de la recherche, la vraie, court le risque de se rétrécir comme peau de chagrin !

Et s’il leur faut obtenir le visa des mêmes avant de publier, les éditeurs vont courir à leur perte… comme, aujourd'hui, se sclérosent les revues d'histoire et d'archéologie, obstinées - ou obligées - qu'elles sont à toujours, toujours et encore, sortir les mêmes sottises sur le même sujet, si pauvres d'idées qu'elles le font parfois sous la même couverture ! On attend, avec un soupir désabusé, le tableau du Vercingétorix se rendant à César et l'on est rarement déçu. Et l'on voit disserter sur des questions essentielles : avait-il de la moustache ou pas ? Tout ! tout, même l'insanité, pour éluder la question Alésia : de toute façon, puisqu'on est sûr que c'est là, à quoi bon perdre son temps ? 


Pauvre France, jadis terre de Liberté…  

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Un grand nom auquel fait immédiatement penser le tabou qui pèse sur Alésia, celui de Galilée.

Ah! elles ont bonne mine, aujourd'hui, les Autorités Scientifiques unanimes, jadis, à se confiner dans l'obscurantisme! Relisons le texte de son abjuration, il est ironiquement éloquent !

« Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint Office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'était pas le centre et qu'elle se mouvait.

C'est pourquoi, voulant effacer des esprits de vos Eminences et de tout chrétien catholique cette suspicion véhémente conçue contre moi avec raison, d'un coeur sincère et d'une foi non feinte, j'abjure, maudis et déteste les susdites erreurs et hérésies, et généralement toute autre erreur quelconque et secte contraire à la susdite sainte Eglise : et je jure qu'à l'avenir je ne dirai ou affirmerai de vive voix ou par écrit, rien qui puisse autoriser contre moi de semblables soupçons; et si je connais quelque hérétique ou suspect d'hérésie, je le dénoncerai à ce Saint Office, ou à l'inquisiteur, ou à l'ordinaire du lieu où je serai. Je jure en outre, et je promets, que je remplirai et observerai pleinement toutes les pénitences qui me sont imposées ou qui me seront imposées par ce Saint Office; que s'il m'arrive d'aller contre quelques-unes de mes paroles, de mes promesses, protestations et serments, ce que Dieu veuille bien détourner, je me soumets à toutes peines et supplices, par les saints canons et autres constitutions générales et particulières, ont été statués et promulgués contre de tels délinquants. Ainsi, Dieu me soit en aide et ses saints Evangiles, que je touche de mes propres mains.

Moi, Galileo Galilei susdit, j'ai abjuré, juré, promis, et me suis obligé comme ci-dessus; en foi de quoi, de ma propre main j'ai souscrit le présent chirographe de mon abjuration et l'ai récité mot à mot à Rome, dans le couvent de Minerve, ce 22 juin 1633.

Moi, Galileo Galilei, j'ai abjuré comme dessus de ma propre main."


Et pourtant, elle tourne...


@ Danielle Porte





1 commentaire:

  1. J'ai écrit deux livres traitant de la condamnation de l’astronome Galilée: ENTRE GALILÉE ET L'ÉGLISE : LA BIBLE, et, UN TÉMOIN ABSENT DU PROCÈS PARLE.
    Par ces ouvrages, j’œuvre pour obtenir la réhabilitation du savant - que l’Église n’a toujours pas officiellement établie - et pour la mise en conformité des Traductions de la Bible qui, sous l’influence erronée scientifique et géocentrique, ont été éloignées de leurs Textes originaux hébreux et grecs.
    En effet, dans ces Textes originaux, le soleil n’est aucunement dépeint comme se déplaçant autour de la terre, contrairement à ce qu’affirment leurs Versions.

    Les arguments développés dans ces deux ouvrages représentent le fruit d’une réflexion personnelle qui s’est prolongée durant de nombreuses années.

    Vente en librairies ou sur Internet : Priceminister, Amazon, FNAC, Librairies Decitre et d’autres.
    Sont également disponibles sous la forme ebooks aux Éditions Kobo. Canada.

    À votre disposition pour répondre à toute question, si ces sujets vous présentent un intérêt.

    Avec mes sincères salutations.

    Joël Col.

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