la Colline inspirée

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mardi 25 février 2014

Adsum... Adsumus. "J'y suis"... "Nous y sommes"


Adsum... Adsumus !
"J'y suis"... "Nous y sommes !"

         Nous a-t-on fait taire ? Non.

Nous : les opposants à la théorie d'Alésia située à Alise-Sainte-Reine (Côte d'Or), concrétisée dans l'écrasant béton du Muséoparc.

Nous : qui nous appuyons sur un autre monument : le texte de César.

Nos adversaires affirment, quand même les textes leur donnent tort. En pareil cas, ils n'hésitent pas à modifier ou à tordre les textes.

Nous, nous réfléchissons ; nous déduisons ; nous pesons le pour et le contre. Si le contre l'emporte, nous essayons de réduire la difficulté, sans la biffer d'un trait de plume.

Eux n'hésitent pas à dénigrer, voire à insulter, comme si la diffamation pouvait tuer la vérité.

         Désolée : nous sommes toujours là.

                                                               ******

Longtemps, la bataille fut affaire d'érudits. Les arguments livresques tenaient bon contre les trouvailles de l'archéologie, que seul le texte pouvait dater et qui ne répondaient pas au texte.

La lutte, aujourd'hui, change de visage. Le dogme officiel s'effrite peu à peu, sous les renoncements successifs des archéologues : plus ils cherchent, moins ils trouvent. On devrait dire : plus ils trouvent d'arguments contre leurs belles certitudes. C'est la fuite en avant. On ignore le relief. On élimine les uns après les autres tous les camps dont on était si sûr. On évite d'aborder les sujets qui fâchent : le grand fossé, le combat de cavalerie, l'écart entre les tours, le camp Nord qui n'est pas au nord, l'impossible reconstitution stratégique... Et l'on s'accroche mordicus aux trouvailles archéologiques dont on sait bien, et depuis l'époque de Napoléon III, qu'elles n'ont aucun rapport avec 52 avant J.-C. Surtout : on n'examine jamais les objections des adversaires, a fortiori on n'y répond jamais : que pourrait-on répondre ?
        
Ce qui n'empêche nullement, à l'usage du grand public, les déclarations fracassantes, notamment sur les bandeaux des livres opportunément publiés autour de l'inauguration du Muséoparc : "l'expertise définitive"... "fin de la polémique"... "le débat est clos". Tiens donc ! Depuis un siècle et demi que le débat est clos, le phénix renaît inlassablement de ses cendres.

Et puis, l'argent et la publicité qu'il permet ont pris le relais. Radio, télévision, revues d'histoire et d'archéologie, sites internet, manifestations dans les gares parisiennes, tout a été mis en œuvre, aux abords de février 2012, pour exalter la réalisation bourguignonne qui doit faire taire à elle seule toute contestation. L'information est, aujourd'hui encore, assénée au quotidien ; montée en boucle on dirait..    

         Oui, mais... Et l'Histoire, dans tout cela ?

Elle est aux oubliettes. Les médias proclament à son de trompe les séductions du Muséoparc et les distractions offertes... aux enfants : déguisements, cuisine, activités manuelles etc. Audiophones à l'oreille, les adultes déambulent dans d'immenses espaces glacés et sophistiqués, en écoutant ce qu'on leur dit de la bataille célèbre. À la sortie, ils ont l'impression d'avoir vu et entendu célébrer l'apothéose du vide.

Comme personne n'est sûr que le monumental édifice à la gloire d'Alise ait bien été érigé sur le site d'Alésia, on se replie à présent sur des positions préparées à l'avance, comme dit pudiquement le vocabulaire militaire lorsqu'il ne veut pas employer le mot "déroute" : peu importe que le site soit le bon ou pas, les promoteurs ont voulu édifier un "centre d'interprétation sur la civilisation celtique". De moins en moins apparaît le nom d'Alésia dans les publications officielles, comme si l'affaire était classée depuis que la "preuve" matérielle est venue attester la disparition de tout problème.

         Des dégustations gauloises lors des vacances d’Hiver, des rencontres sur la musique antique le week-end du 30 mars, des ateliers pour apprendre à « dessiner les gaulois » lors des vacances de printemps [1]... On a glissé de l'énigme historique au folklore pour touristes. La Chambre régionale des Comptes avoue sa perplexité [2] : " Les magistrats s’interrogent sur le rôle réel du Muséoparc : vrai musée ou parc d’attraction ? Aujourd’hui, ils n’ont pas encore réussi à trancher." L'essentiel est que cela rapporte : les recettes, lit-on encore, pourraient baisser de 25% d'ici 2016 sans que la situation financière soit affectée, vu l'abondance des subventions.

Léger bémol : 140 000 visiteurs par an à condition que le chiffre ne diminue pas, une fois passé l'effet de curiosité, dépensant chacun 20€ (estimation large, compte tenu du nombre d'enfants) et 50 à 70 millions d'euros avoués pour le coût du bâtiment... Les recettes auront peine à couvrir les seules dépenses de fonctionnement... Surtout avec le musée annoncé, de coût égal...

Puisque, de force ou de gré, la localisation d'Alésia est devenue un tabou national, nous allons en parler, nous, les "Jurassiens" qui, refusant Alise pour les meilleures raisons qui soient, sommes en mesure de mieux situer Alésia.

         ("Jurassiens" est, d'ailleurs, une désignation commode mais inexacte : nos partisans habitent toutes les régions de France et d'ailleurs, jusqu'aux plus lointaines colonies, avec une majorité de Dauphinois, de Bretons et de... Bourguignons. Aucun des plus passionnés ne défend son pré carré ou le clocher de son village.)

Nous le ferons à bâtons rompus ou, comme disait Montaigne, "à sauts et à gambades". Tantôt Alise et tantôt Chaux, tantôt la traduction du texte et tantôt les vues comparées des sites, tantôt la polémologie et tantôt les vieux bouquins, tantôt les schémas et les cartes, tantôt la critique des ouvrages récents et naturellement l'examen des questions pointues ; comme il se trouve entre amis passionnés... voire entre ennemis, puisque nous ne refusons jamais la discussion. J'exposerai d'abord le fond du problème, afin que chacun, initié comme néophyte, y trouve son compte et que la discussion repose sur du solide.

Comme on ne saurait prétendre régler seul toutes les questions que suscite cette formidable énigme, je donnerai souvent la parole à des collaborateurs dévoués qui mettent depuis longtemps leurs spécialisations au service de l'Alésia jurassienne et se feront un plaisir d'aller avec vous, pas à pas, à la recherche de la vérité.
  
  






[1] Communiqué de presse publié sur Dijonscope le v. 1.2.2013 (Jérôme Lorand).
[2] GazetteInfo.fr, mer. 29.1.2014 (Jérémie Demay).

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